Quoi de mieux qu’un petit extrait pour donner envie de dĂ©couvrir un livre?
Bien au-delĂ du synopsis ou du rĂ©sumĂ©, l’extrait donne plus d’indications sur la plume et l’univers. Voici donc un extrait tirĂ© de la suite de Primal: Ouverture.
L’histoire se dĂ©roule intĂ©gralement en Afrique, au Gabon plus prĂ©cisĂ©ment. Les environnements, les personnages, la tournure des phrases lors des dialogues prennent donc cette situation gĂ©ographique en compte.
L’extrait choisi sont les premiĂšres lignes du chapitre V.
Bonne lecture.
« Chapitre V
Micheline rentrait chez elle dans le quartier dâAkĂ©bĂ© Plaine. Elle avait pris lâavenue Felix EkomiĂ© en direction du centre-ville et venait de tourner dans une petite rue, Ă peine assez large pour laisser passer sa Toyota RAV4 rĂ©emment acquise. LĂ , au fond de la rue qui finissait en cul de sac, se dressait un grand portail barrant lâaccĂšs au fruit dâune vie de travail et de sacrifice de ses dĂ©sirs personnels.
La Toyota sâarrĂȘta dans un couinement de freins et Micheline hĂ©la le gardien qui nâavait pas remarquĂ© son arrivĂ©e. Pour sa gouverne, il y avait un plus de passage dans la rue menant au cul de sac quâĂ lâaccoutumĂ©e. Micheline, ne le sachant pas le tança nĂ©anmoins et lâair penaud, le gardien ouvrit le portail pour que la maitresse des lieux puisse entrer chez elle.
Micheline Ă©tait ce que lâon pouvait appeler une femme malheureuse en amour. Elle avait connu des hommes mariĂ©s, cĂ©libataires, riches et moins riches. Elle avait su tirer dâeux certains avantages mais aucun ne put jamais lui donner ni assez dâamour ni le moindre enfant. Sa saison de fertilitĂ© touchant presque Ă sa fin elle sâĂ©tait rĂ©signĂ©e Ă affronter lâautomne de ses jours seule. Elle avait bien sĂ»r des amis et une grande famille sur laquelle compter et dont certains membres, se rappelaient plus souvent dâelle quand venait la fin du mois.  Nâest-ce pas aussi cela la famille ?
Câest donc dans une maison vide de bruits de discussion, de cris et de vie mĂȘme quâelle entra. Sur le cĂŽtĂ© droit de la porte dâentrĂ©e, il y avait un vide poche surplombant sur une petite colonne haute dâenviron un mĂštre, sur lequel elle posa ses clefs de voiture, son sac Ă main de marque et sa sacoche contenant son ordinateur professionnel. Elle fit quelques pas en avant et tendit la main vers la tĂ©lĂ©commande du tĂ©lĂ©viseur accrochĂ© sur un grand mur blanc. LâĂ©cran sâalluma sur la chaĂźne dâinformation nationale et un flot dâinepties se dĂ©versa dans le salon. Micheline continua son rituel et se dirigea vers les toilettes puis la salle de bains oĂč elle ouvrit lâeau chaude pour se faire couler un bain quâelle espĂ©rait apaisant.
Le contact de lâeau brulante sur sa peau moite dâune lĂ©gĂšre transpiration lui tira un frisson dâabord puis elle sâinstalla dans le bac de baignoire pouvant accueillir une autre personne. Elle avait imaginĂ© sa maison de telle maniĂšre quâelle aurait pu accueillir ses enfants, au moins trois, et son mari avec lequel elle aurait profitĂ© de ses jours restants. Elle nâavait finalement eu ni lâun ni lâautre.
La solitude de Micheline lui pesait et elle avait pris les habitudes typiques des personnes vivant seules mais, dans ce bain duquel exhalait des odeurs dâhibiscus et de fleur de tiarĂ©, elle oublia le monde lâentourant et fini par sâendormir.
Ă son rĂ©veil, la nuit Ă©tait dĂ©jĂ bien avancĂ©e. Elle sortit de la baignoire un peu engourdie Ă cause de la position inconfortable dans laquelle elle avait succombĂ© au sommeil et se dirigea vers sa chambre par la porte sur la gauche. LĂ , sur le grand lit, se trouvait le peignoir quâelle avait laissĂ© le matin mĂȘme. Elle lâenfila, apprĂ©cia la douceur dans son Ă©toffe et ressortit en direction du salon avec lâĂ©cran qui continuait de fonctionner. Son attention fut attirĂ©e par la mention du nom dâAlberic Vouendet et elle se prĂ©cipita pour monter le volume.
Il y a une semaine, son patron et ancien amant, avait Ă©tĂ© percutĂ© par un vĂ©hicule transportant des ouvriers vers un nouveau chantier dans des circonstances Ă©tranges. Il avait ensuite Ă©tĂ© transportĂ© par hĂ©licoptĂšre, comme tous les VIP, vers lâhĂŽpital le plus moderne du Gabon, Ă la pĂ©riphĂ©rie de Libreville. Depuis son admission elle avait Ă©tĂ© la seule Ă le voir le jour mĂȘme et depuis, plus aucune information ne lui est parvenue. En tant que directrice de la communication de Vouendet Inc., elle se devait de connaitre lâĂ©tat de santĂ© de son patron. AprĂšs plusieurs tentatives infructueuses, elle sâĂ©tait Ă nouveau rendue Ă son chevet mais, on lui indiqua que M. Vouendet avait quittĂ© lâhĂŽpital et aucune autre information nâĂ©tait disponible.
LâĂ©tonnement de la nouvelle fit rapidement place Ă lâinquiĂ©tude et dix jours aprĂšs son accident, Alberic Vouendet restait introuvable.
Micheline, se laissa tomber sur son canapĂ© de cuit blanc qui Ă©mit un couinement de protestation. Alberic Vouendet Ă©tait un homme sans famille lui aussi. Elle avait pensĂ©, malgrĂ© leur diffĂ©rence dâĂąge, quâil aurait pu ĂȘtre celui quâelle recherchait. Au-delĂ de sa fortune, il Ă©tait bon et gĂ©nĂ©reux avec son entourage. Son changement dâhumeur et sa disparition Ă©taient rĂ©cents, contemporains et provoquaient un Ă©trange sentiment chez Micheline. Elle devait manquer quelque chose !
RĂ©signĂ©e et consciente quâelle ne rĂ©soudrait pas ce mystĂšre au cours de cette nuit, elle sâinstalla plus confortablement encore et sâenfonça dans le moelleux du canapĂ©. Elle Ă©teignit lâĂ©cran, ferma les yeux quâelle rouvrit tout aussi rapidement, exorbitĂ©s par ce quâelle venait de voir dans le reflet du tĂ©lĂ©viseur Ă©teint. Une silhouette sâĂ©tait glissĂ©e derriĂšre elle.
Elle nâeut pas le temps de crier quâune poigne puissante lui enserrait le cou par lâarriĂšre et bloquait lâarrivĂ©e dâair Ă ses poumons. BientĂŽt, elle perdit connaissance et le monde sombra dans lâobscuritĂ©. »